Musique expérimentale
De septembre à décembre 2017, les élèves de terminale bac pro CGEA ont découvert la musique expérimentale et s’y sont essayé sur scène, lors d’un concert dans l’amphithéâtre de l’établissement. Ils étaient accompagnés par les musiciens de l’OMEDOC (Orchestre de Musique Expérimentale du DOC, notre partenaire de Saint-Germain d’Ectot), qui les ont guidés tout au long du projet. Les élèves vous font découvrir ici quelques-uns des musiciens de ce courant souvent peu connu. Bonne découverte !
Albert Ayler
Albert Ayler, né le 13 juillet 1936 à Cleveland et mort le 25 novembre 1970 à New York est un saxophoniste. Issu de la petite bourgeoisie noire, il joue déjà à dix ans avec son père dans une fanfare, souvent lors des enterrements, le dimanche à l’église.
Son premier travail professionnel est une tournée avec l’orchestre « Rhythm ans blues » de l’harmoniciste lettle walter, en 1952. Dix-ans plus tard en 1962, son premier disque avec deux musiciens locaux : Hultcrantz et Spanberg.
Ayler enregistre ses premiers « negro spirituals », en compagnie de Murray, Grimes et Cobbs en 1964. La même année il compose « Ghost »et le succès n’est pas atteint.
En 1966 il retourne à nouveau en Europe pour une longue tournée puis une série importante de disque sera produite jusqu’en 1969. Ensuite il tentera la même année d’intégré des musiciens de rock et pop avec des essais de fusions sans réussite.
Il reçoit enfin un accueil triomphal en 1970 après avoir donné deux concert pour la fondation Maeght. Il et retrouvé noyé a New York ,il s’agit d’un suicide.
C’est que l’originalité de la démarche d’Ayler est justement d’allier simultanément le fondement même de la musique négro-américaine, les plus vertigineuses, les plus « déraisonnables ». il est certain qu’à la premiere écoute, les émissions simultanées de plusieur notes, les vibrato de très large amplitude, les grincements, sifflements et autres effets peuvent surprendre. Autre sujet d’étonnement : le contraste entre les improvisations et les thèmes que leur servent de base. Ces derniers peuvent être des marches, des airs de fanfare ou de candides ritournelles.
Albert Ayler « Ghost » 1965
Iannis Xenakis
Iannis Xenakis est né le 29 mai 1922 à Brăila en Roumanie et mort le 4 février 2001 à Paris. Il est architecte et compositeur. Il va créer des musiques stochastiques : ce style de musique est le fait de rassembler des sons et des silences. Il a été chercheur au CNRS (Centre National à la Recherche Scientifique).
Exemple de partition
Il va mettre en œuvre une musique synthétique à l’aide de l’architecture et des mathématiques. Cela était son plus grand but dans la vie. Nous pouvons voir cet exemple avec la musique « Metastasis ». Durant sa carrière il va créer plus de 150 partitions de musiques de ce style. Toujours dans la démarche de créer de nouveaux sons, il fait le choix de placer les musiciens parmi le public afin de créer des sons inhabituels. Il va donc réaliser des musiques lyriques.
Pochette du CD de metastasis
Metastasis : Composée par Iannis Xenakis, cette œuvre est réalisée à partir de procédés mathématiques. Elle a été réalisée entre 1953 et 1954. Mais elle a été entendue le 16 octobre 1955 au festival de Donaueschingen en Allemagne. Le titre de cette musique vient de son expérience professionnelle vu qu’il a travaillé au CNRS, il voulait faire un titre en lien à cela. Et c’est pour cela qu’il a choisi « Metastasis » en relation avec les métastases.
L’œuvre dure environ 10 minutes avec environ 65 musiciens : 12 qui jouent avec des instruments à vent, 7 qui jouent avec des instruments à percussion et 46 qui jouent avec des instruments à cordes.
Raymond Scott
Raymond Scott est né le 10 septembre 1908 à Brooklyn. Il a commencé à travailler comme pianiste à l’âge de 15 ans et composa sa première musique. C’était un des pionniers de la musique expérimentale. Il forme son groupe, The iIstrumentalists, en 1934 et travaille pour la chaîne de radio CBS. Pendant ce temps il continue quand même d’expérimenter de nouvelles techniques afin de créer de nouveaux sons, qu’il intégrera à ses compositions. En 1937, il présente sa musique la plus célèbre qu’il nomme « Powerhouse ». Elle sera reprise quelques fois et utilisée dans des dessins animés car le rythme est particulier.
En 1946, Raymond Scott dépose plusieurs brevets afin de préserver son travail d’artiste, pour qu’il ne soit pas copier ni repris sans son accord. C’est le cas du Clavivox (synthétiseurs de sons électriques). L’électronium (machine qui génère des mélodies aléatoires) créé en 1968 reste son invention la plus connue.
Plus tard il crée son propre studio d’enregistrement. Il fut remarqué tant pour ses inventions que pour ses travaux sur les sons électroniques. Par la suite il a été engagé par un grand groupe (Motown) en tant que responsable de la recherche et du développement électronique. Plusieurs de ses inventions ont été utilisées par des grands groupes industriels (Sony,Atari…).
Compte tenu de son âge et de ses problèmes cardiaques, il a continué quand même de composer des musiques, depuis son lit grâce à un ordinateur. Il décède le 8 février 1994 à l’âge de 86 ans en Californie suite à une nouvelle attaque cardiaque.
John Cage
John Cage, né en 1912, est un compositeur de musique expérimentale c’est-à-dire qu’il effectue beaucoup de recherche sur le son et la forme, tout en s’inspirant de tout ce qu’il peut trouver, des objets ainsi que les bruits de l’environnement au quotidien. Il a vécu principalement aux Etats-Unis, là où il devient célèbre. Il meurt dans sa vie natale, le 12 août 1992.
Le compositeur vit de la musique expérimentale, pour ça il aime beaucoup perturber les concerts, en incluant des scènes de sa composition, remplies de silences. Sa démarche est de considérer que le silence est depuis toujours une véritable musique. Il veut aussi prouver que dans la vie il n’y a pas forcément de silence, au minimum on entend le son du système nerveux, de la respiration et de la circulation sanguine.
Le compositeur John Cage propose un morceau de silence, cette démarche invente une nouvelle forme de musique et de créativité. John Cage a proposé un moment de silence pendant un concert, ce morceau composé se nomme 4’33, composé en 1952, souvent décrit comme « quatre minutes trente-trois secondes de silence », constitué de bruits différents, comme l’environnement dans la salle de concert. Le compositeur est curieux de savoir ce que l’on entend dans le silence, car comme il le dit : « le silence n’existe pas ».
John Cage entre dans la salle de concert, le public pense que l’homme va jouer un morceau de piano, au bout d’un instant le public s’impatiente, 4 minutes 33 plus tard, l’homme se lève, salue et quitte la scène.
La Monte Young
La Monte Young est le pionnier de la musique minimaliste. Cette homme est né en 1935 à Bern, dans l’Idaho. Il compose sa première pièce de sérialisme en 1959 où il découvre John Cage. La musique sérielle ou le sérialisme est une technique de composition fondée sur l’utilisation de séries d’éléments musicaux
La Monte Young abandonne finalement le sérialisme pour une approche très influencée par les compositions expérimentales de John Cage qui lui a permis de réaliser sa première œuvre avec succès (« Trio pour cordes »).
Comment est-il arrivé à un tel succès ?
La Monte Young a rencontré John Cage lors de sa première pièce. John Cage est alors la personne la plus reconnue dans la musique expérimentale. Les années passent et La Monte Young devient de plus en plus célèbre dans la musique expérimentale pour au final, en arriver à faire des tournées en Europe et au Japon. Tout ça grâce à John Cage.
La chanson proposée ici a été réalisée par la Monte Young avec l’aide de John Cage. La chanson est construite essentiellement sur de longues notes tenues parfois de plusieurs minutes, de longs silences et une économie de moyens extrême. La pièce est lente avec des nuances généralement proches du silence et fait une large utilisation d’un ensemble restreint d’accords, que La Monte Young désignera plus tard sous le nom de « Dream Chords »
Moondog
Moondog, le ménestrel de la musique contemporaine.
Moodog était un artiste de rue pendant plus de 25 ans. A New-York, il s’habillait à la mode viking et jouait sur des percussions conçues par lui-même. Moondog était une sorte d’avant-gardiste d’un autre âge.
Né en 1916 à Marysville, Kansas, Louis Hardin vit sa première expérience musicale marquante vers l’âge de 5 ou 6 ans. A l’âge de 13 ans il perd la vue en s’amusant avec une amorce de dynamite. En 1943, il s’installe à Manhattan et commence à développer sa théorie de la musique, Louis Hardin commence en effet à se vêtir d’une tenue complète de roi Viking et d’un casque à cornes et commence alors à utiliser le nom de Moondog en souvenir de son chien qui hurlait à la lune.
A partir de la fin de l’année 1949, Moondog commence dans les rues de Manhattan, il chante, déclame ses poèmes et joue de ses instruments, pour la plupart des modèles uniques fabriqués selon ses directives.
Un double CD, « The German Years de 1977 à 1999 » présente une compilation d’œuvres qui sont extraites pour la plupart des albums publiés par le label allemand Roof Music. Ce sont les les premiers disques enregistrés par Moondog de 1949 à 1956.
Moondog a quitté notre monde le 8 septembre 1999 à l’âge de 83 ans.
Durant sa vie il aurait composé plus de 300 madrigaux, passacailles, canons et autres musiques pour orchestres à cordes, orchestres à vent, piano, orgue… et plus de 80 symphonies ! L’enregistrement de son dernier concert, donné en juillet 1999 au Festival MIMI à Arles, a été publié fin 2004, en tant que deuxième volume du double CD The German Years 1977-1999 par Roof Music.
Pierre Henry
Pierre Henry est né le 9 décembre 1927 à Paris. Après avoir passé son enfance à la campagne, à l’âge de 10 ans, il intègre le Conservatoire de Paris pour y étudier les percussions et l’écriture.
Il devient ensuite un pianiste aguerri sous l’enseignement de Nadia Boulanger (pédagogue pianiste). Enfin il devient un musicien et compositeur de musique électroacoustique dans laquelle il est considéré comme l’un des précurseurs. Il est ensuite rejoint par Pierre Schaeffer avec qui il collabore. Pierre Henry fût connu du grand public essentiellement grâce à son morceau « Psyché Rock » sorti en 1967. Il s’est éteint le 5 juillet 2017 à l’âge de 89 ans dans sa ville natale.
Au début de l’écoute de « Psyché rock » il est possible de se demander s’il s’agit vraiment de musique alors que ce morceau a en réalité été un symbole de l’accompagnement de la modernité et de nos sociétés (films et clips publicitaires).
« Psyché Rock » est tiré d’une œuvre de Maurice Béjart « Messe pour le temps présent », le but était de marier dans un spectacle la messe et la modernité. Pierre Henry n’aimait pas la linéarité, il disait : « Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes.» C’est pour cela qu’il réalise de la musique expérimentale.
Pierre Henry fût un des pionniers de la musique électroacoustique, il a donc joué un rôle important dans son développement.
Pierre Schaeffer
Pierre schaeffer est né le 14 août 1910 à Nancy dans une famille essentiellement de musiciens. Il décède aux Milles, près d’Aix-en-Provence le 19 août 1995 à 85 ans. Il a réalisé ses études à Saint-Sigisdert-Saint-Léopold de Nancy. Il a été ensuite admis en 1929 à l’école Polytechnique, puis à l’école supérieure de l’électricité et des télécommunications de Paris. Il obtient son diplôme en 1931. Quelques années après il s’intéresse à quelques théories particulières sur la nature humaine et se met à écrire. Il se trouve embauché à la radiodiffusion française. Il sort son premier roman en 1938 qui se nomme « Clotaire Nicole ». Ensuite, la musique va rentrer peu à peu dans sa vie. Il va étudier l’analyse musicale avec Nadia Boulanger de 1935 à 1943.
Pierre Schaeffer anime Radio Jeunesse en octobre 1940 puis va fonder Jeune France qui est un organisme officiel fondé en collaboration avec Emmanuel Mounier et Alfred Cortot. Fin 1941, il est nommé ingénieur à la radio de Marseille, où il rencontre Jacques Copeau. Avec lui, il organise en 1942 le stage de Beaune sur la radio et les arts-relais. Il crée cette même année le Studio d’essai au sein de la Radiodiffusion française et y enregistre « La Coquille à Planètes », opéra radiophonique. En 1945 «Cantate à l’Alsace», sa suite sonore, est jouée par l’orchestre de la Radiodiffusion Française et devient l’un des premiers morceaux interprétés sur les ondes d’une radio désormais libérée. Ses styles de musique sont les musiques concrète, électroacoustique et acousmatique.
The Nihilist Spasm Band
The Nihilist Sapsm Band est un groupe canadien originaire de London en Ontario. Il a été fondé en 1965 et comptait huit membres : Hugh McIntyre, John Clement, John Boyle, Bill Exley, Murray Favro, Archie Leitch, Art Pratten et Greg Curnoe. Tous étaient des musiciens ou des artistes avant de rejoindre le groupe. Le groupe est considéré comme un groupe de musique bruitiste.
C’est en 1966, un an après leur formation que le groupe se produit pour la première fois. Deux ans plus tard, The Nihilist sortent leur 1er Album ” No Records “, suivi par un second album onze ans plus tard nommé ” Vol.2 “. C’est en 1985, lorsque le groupe est contacté par un artiste de Nurse With Wound, un groupe de musique expérimentale pour créer un album, intitulé ” 7x~x=x ” que The Nihilist Spasm Band se fait connaître au grand jour. Pendant près de 30 ans, le groupe est resté fidèle à sa ville d’origine, London et y jouait régulièrement que ce soit devant une salle pleine ou dans une salle quasi-vide. Ils ont aussi joué dans quelques festivals, notament en 2008 lors du festival international de musique actuelle à Victoriaville ou au Termite Festival. Aujourd’hui, le groupe ne compte plus que cinq membres, Achie Leitch s’étant retiré, Hugh McIntyre et Greg Curnoe étant décédés.
The Nihilist Spasm Band, pour créer leur musique, ont entièrement fabriqué ou ont modifié des instruments. Leurs créations sont basées sur l’improvisation aussi bien que leurs instruments qui ne sont pas accordés et il n’y a aucun rythme, aucun tempo.